Le maïs est encore jeune



« Que chacun dise franchement ce qu’il a à dire, la vérité naîtra de ces sincérités convergentes » Marc Bloch

Fuyant le quai de la Loire étant squatté par la culture de nouveau - la culture au Q... ai - je suis allé hésitant, essayant d'y croire, à la lecture du collectif Castafiore. Mais quelle déception ! Après une tribune inespérée dans Libérafion il y a un an (jour pour jour), ce soir près du Quick place Clichy, dans une librairie qui a oublié la littérature d'horreur, ils m'apparaissent en fin de compte, pendant leur performance, comme de jeunes gens de bonne famille, asexués du verbe - jamais /cyber/punk, ni dans l'urgence, ni dans la forme textuelle, musicale ou scénique mais se prenant tellement au pop-sérieux, fiers sans doute de leur hype naissante et de leur bébé livre politico-poético petit bourgeois, truffé de cette technique  du « vous qui ... » qui s'adresse au lecteur comme le dernier des Duras, poussif. Quelle manque de force vitale ! Il se trouve que la vie chez les artistes passe souvent dans le style. A côté Coupat, c'est du Delaume. Quelles réelles intentions au final ? Un Art total bon chic bon genre ? Niveau texte, on se croirait presque perdu dans une jungle de mots où Fauve aurait fait un peu de progrès après une année à la Sorbonne. Ils sont jeunes (20-25) mais alors bordel de Dieu, elle est où l'énergie, la colère ou la vision ? Ce chœur si pertinent avec un unique texte, devient aujourd'hui un groupe mièvre qui s'écoute parler, s'écoute sagement murmurer des banalités - le bug raté de l'an 2000 et son compte à rebours mis en boucle m'a semblé durer une heure... - sous fond de synthé ambient que crache un souffreteux Nord Lead, ils balancent si surs d'eux, des sons, des lieux communs qu'ils désignent comme de la métaphysique. Celle des bisounours sans aucun doute, culcul la praline quantique. Alors le collectif Castafiore est bel et bien une catastrophe. Les Camarade-bourgeois comme chantait il y a un siècle, cette enflure de Renaud (merci du lien Alex J.), désormais n'ont plus de bagnoles de luxe, mais encore assez de relations pour que l'on parle d'eux dans la presse über-bobo et faire approuver leur désir de boule-versement : finir le boule à Cannes ou toucher un versement aux victoires de la musique. Je vous conseille le migrant qui vend du maïs grillé en face du Quick, place de Clichy, pas cher, tendre comme la nuit.

Réécoutons plutôt :


PS : Tina T. nous propose comme sobriquet le charmant « CASTAFIOTE » .
Je like avec un cœur.