LES SENTINELLES ENDORMIES



Il m'aura fallu de savoureux chemins tortueux, ces infernales virées en OB, ces amours avortés avec les plus belles dudesses de P.A.R.I.S comme Marjolaine, Rébecca, Gaby et j'en oublie -  je parle de mes Aurore, la Blandine, Car(r)oline, chère Élise ou cette Julie qui m'a rendu bien marteau. J'ai dû aussi en bon toto, arpenter maintes expositions, ces plages hypées en parkings de débauche, gonflés d’ennui, pour que l'on m'embauche, grâce au Landan et à son fidèle collègue Verdun. Moi l'ex DJ à la petite semaine, je fus oui embauché ! L’apprenti-dandy devenu dude vacataire à l’ère tertiaire mais archaïque bouliste je reste et je suis. C’est ainsi alors que je vous déniche soudain aux Petites Écuries au temps de la belle pandémie. Vous m'attendiez depuis une éternité, sages et sans bruits. Ma toute première ronde et je rentrais en contact avec vous, belles sentinelles endormies. Vous fûtes sauvées de l'oubli, moules, sculptures, vraies ou fausses copies mais quelle importance au pays rance de la fRance ? Le temps, les hommes, leurs muses et princesses, sans oublier les reines égyptiennes vous ont crée à leur image et vous portiez alors en vous, tous les fruits, espoirs, rêves et cauchemars. Vous en êtes les plus belles, vous si douces, stigmates atroces d'une beauté désormais vaporwavée. Car moi l'Android de l'ennui, je vous glitche avec ce smartphone chinois abonné aux GAFAM infâmes, les nouveaux châteaux des rois, ces nouveaux temples du Tibet vidés de toute beauté spirituelle. Mon époque n'est pas belle. Les réseaux sociaux en sont les oubliettes. Nous, les moines en miettes. Oh belles sentinelles endormies !  Vos créateurs et leurs muses sont mortes depuis belle lurette et seul, le plus cruel est en vie. Oui le monstre hasard est vivant, se délectant avec son poto, le chaos Quasimodo, armés avec les outils de Chronos accouplé aux armes de la censure Thanatos et du rangement codé-abruti. Ils vous abimèrent mais vous résistiez dans l'abime du Temps, sagement. Une tête saute, un bras manque, un autre membre est parti. Un nez dur romain, une bite grecque mais la louve a gardé, en ses seins nourriciers, la décadence d'une cité oubliée. J'ai vu une nuit, un fantôme saint s'en délecter. Une étiquette qui vous dénombre, vous démembre de votre statut, vous les statues nues de toute vanité. Un vulgaire plastique vous recouvre l'épaule et dénature votre douce courbe embrumée. La pureté en est saccagée, à jamais. Personne ne semble s'en préoccuper, même les alarmes vous ont quitté, vous oh mes belles sentinelles endormies, je rêve que vous vous réveillez et que vous vous délestiez ensemble de ce poids plâtre infâme que l'on vous a plaqué. Vous êtes les héroïnes figurantes d'un péplum, d'une âpre douce comédie que personne ne verra, trop obnubilé par les séries de la nouvelle télé rectum. Vous êtes la beauté et la déchéance d'une humanité qui court vers un entrepôt plus sombre que celui qu'elle vous a donné, oh belles sentinelles endormies, je vous retrouve cette nuit et je sais que c'est bien Colette Théolier qui vous a le mieux dessiné Là-Bas dans notre beau pays oublié plein de soleil, aux beaux-arts d'Alger. 

Pour les 90 ans de mon père, Pierre Théolier.

Son fils, Titi Petite Fleur Bleue Dansant dans les Orties