Joker au JOKER©


Je suis bien aise de lire cet article  avec ce constat assez simple : et après WTF ? And so what bordel ? Comment se contenter d'un produit comme JOKER © ?  Rire jaune le lendemain de la projection en prenant la ligne 13 aux heures de pointe pour aller taffer ou chercher de la dope à Saint-Denis ? Je le dis depuis dix jours sur mon profil, et d'une manière provocatrice bien stérile je l'avoue mais c'était jouissif. N'ai-je pas droit à ma dose de dopamine baby ? Je vais étoffer ce matin.

Rares sont ceux qui arrivent à ne pas être happés par ce simulacre hollywoodien comme si ce "spectacle" tellement malin - confisquait aux spectateurs leur rébellion potentielle. J'ajoute qu'artistiquement, pour que le produit devienne un objet génial, il aurait fallu une habile mise en abîme dans le film même : parler du medium cinéma et du genre subversif-commercial dans le film à l'intérieur même que celui que l'on consomme - Arthur Fleck l'anti-héros va t-il au cinéma payer 12,50 € un film démagogique sur la révolte dans un multiplexe ? -  Il y a là une séduction bien putassière ou pire, castratrice du potentiel d'un soulèvement révolutionnaire chez le petit bobo ou l'intello précaire. Le dude, lui n'est pas dupe de ce tour de manège. Et préfère aller voir un film de divertissement pur et dur comme Terminator Dark Fate (pas mal du tout) par exemple ou lire un Lovecraft loin des représentations paralysantes. Je n'ai pas lu Debord mais je sens là, fuck la quintessence du paradigme, l'essence même du paradoxe d'un spectacle qui se substitue à la vie ou à la tentation d'une insurrection qui a eu lieu avec les gilets jaunes, une révolte si décriée, voir snobée par les bobos. Le film inciterait à la révolte ? Avec du pop corn ?  La belle affaire ! La révolte qui n'est d'ailleurs pas la solution car il n'y a aucune solution juste une attente, qu'elle soit la moins désagréable possible : ne pas participer au massacre même de nos dignités dudesques. Difficile n'est-ce pas... Se contenter de presque rien en somme. Alors en gros, téter du spectacle subversif hollywoodien le dimanche soir et taffer le lundi dans un boulot qui participe à l'anéantissement global, n'est pas dudesque.

Alors ce n'est pas facile d'être humble et dude sans s'enflammer (pour ou contre d'ailleurs) devant une illusion, une chimère cinématographique. Et non la lucidité ne s’accommode pas de la qualité du spectacle mais d'une résignation d'un non-faire et du non-défaire surtout. Ne pas être dupe de la duperie : I would prefer not to applauss la mise à mort du désir par sa commercialisation visuelle, industrielle. Ce produit hollywoodien n'a de but que faire de la tune bordel et faire un retour sur investissement. Si au moins, les recettes servaient à payer une opération sociale héroïque : sauver le soldat Julian Assange par exemple. Non l'acteur Phoenix recevra son oscar devant l'élite, la cérémonie sera retransmise pour le peuple et le joker en nous ne pourra se dire intérieurement que  : "Le spectacle m'a encore baisé et Assange crève."